d’après Guy de Maupassant
Mise en scène : Frédéric Jacquot
Le théâtre de Maupassant, peu nombreux et méconnu mériterait d’être plus souvent joué. Frédéric Jacquot nous présente ainsi cinq courts textes, des petits bijoux de badinage adaptés de fictions de Maupassant se présentant comme des lettres (« les caresses », adapté ici en monologue , « Mots d’amour ») et des nouvelles (« Sauvée », « Au bord du lit », »Le signe »). Ces trois derniers textes, constitués quasi exclusivement de dialogues, ont pourtant été édités et présentés au public sous la forme de nouvelles ; peut-être pour des raisons commerciales propres à l’auteur (établi comme un maître de la nouvelle) et l’époque (les formes courtes peu prisées au théâtre ?) qui ne devraient plus avoir cours aujourd’hui.
C’est donc avec plaisir que le public découvre ces pièces de boudoir au charme suranné, parfois, notamment dans le premier monologue (« Les caresses »), un éloge des femmes très « belle époque » qu’on pourrait aujourd’hui qualifier de sexiste mais que le jeu du comédien, traduit de façon nuancée, distanciée et ironique.
Hors ces moments où les hommes en parlent, les femmes ont le beau rôle, cependant, quand elles prennent la chose en mains pour détourner avec esprit et espièglerie les règles contraignantes de la société patriarchale. Dans « Le signe » par exemple, une jeune épouse confie à sa meilleure amie l’étrange « mésaventure » l’ayant entraînée malgré elle aux plaisirs de l’adultère ou encore « Sauvée » qui dévoile les savantes manigances permettant de délier les liens sacrés du mariage… aux torts exclusifs du mari, bien sûr!
Des maris finalement attrapés dans les filets de ces dames, notamment dans la pièce donnant son titre au spectacle « Le bord du lit » où l’épouse d’un mari volage mais soudainement redevenu amoureux lui propose, tout comme les cocottes dont il a l’habitude, de tarifer leur relation.
Piquant et libertin, Maupassant nous enchante sur un air de jazz. A ne pas manquer !
Interprètes : Elisa Birsel, Lina Veyrenc, Frédéric Jacquot
Jusqu’au 28 juillet à 11h30 au Théâtre du Rempart (56 rue du Rempart Saint-Lazare, 84000 Avignon)