BOLLYWOOD MASALA

BOLLYWOOD MASALA

D’après une idée originale de Toby GOUGH

Direction artistique et mise en scène : Toby GOUGH

Bollywood Masala raconte l’histoire d’un célèbre chef indien, le Maharaja du Masala, M. Kari Balti, qui a inventé le concept de restauration (catering) sur les lieux de tournage à l’époque où l’industrie du cinéma a commencé à Bombay.

Mais cette histoire est avant tout un prétexte, un fil rouge (ou plutôt un safran!) pour nous faire découvrir et partager les plus glorieux, fameux et entraînant, tubes des films musicaux de la Bollywood production. De Lagaan à Devdas, entre autres. Même si ce récit est assez omniprésent, via un narrateur sur scène, qui enchaîne les hits et les performances comme on passe les plats, il n’empêche pas de totalement déguster un spectacle savoureux et de qualité. La place laissée à la transmission de l’histoire du cinéma musical indien, depuis Lagaan en 2001 jusqu’à ce jour, est elle une excellente idée. Elle donnera certainement l’envie à beaucoup de visionner en famille ces petits chefs-d’œuvre d’entertainement, dont certains ont même été primés aux Oscar.

dr christophe-simon

Il s’agit donc de mêler astucieusement le meilleur des saveurs de l’Inde : pour les yeux, les oreilles, et les papilles. Car c’est cela l’expérience indienne : une démultiplication des sens… jusqu’à l’ivresse.

Sur la scène 12 danseurs multiplient les chorégraphies parfaites, les changements de costumes luxueux et chatoyants. Il faut souligner leur performance car elle est le cœur de « Bollywood Masala » ! Il est rare de pouvoir profiter en Europe de ses artistes, parmi les meilleurs de leur pays et de leur art, sortant tout droit de l’écran pour notre plus grand plaisir. Ils sont, hommes et femmes, parfaits, et ils impressionnent autant qu’ils enchantent.

dr Philippe Fretault

Le public ne s’y trompe pas qui applaudit à tout rompre et finit les dix dernières minutes debout à danser dans les travées. Public d’ailleurs composé de beaucoup de personnes originaire du sous-continent indien, qui savent exactement à quoi ils ont à faire, en vrais connaisseurs. Seul bémol, la sono de la salle bordeaux du Palais des congrès, plus conçue pour des conférences que pour être dans les standards requis pour un musical. Les danseurs mériteraient un écrin sonore au niveau de leur prestation artistique.

Bollywood Masala est un spectacle dépaysant, accessible, à voir en famille pour devenir non seulement Bollywoodaddict mais aussi indianophile !

Il donne envie de se précipiter, dès la sortie, dans un des excellents restaurant indiens de Paris, pour y poursuivre le voyage.

dr Philippe Fretault

D’après une idée originale de Toby GOUGH

Direction artistique et mise en scène : Toby GOUGH

Avec, entre autre  : Devdas, Lagaan, Dhoom, et la chanson oscarisée « Naatu Naatu » du film RRR.

Avec 16 artistes dont 12 danseurs et 2 musiciens live

Chorégraphies : Mahesh POOJARY

Création des musiques : Hiren SHUKLAJI

Création des costumes : Bipin TANNA et Nishita D’SOUZA

Création vidéo : Abhishek SAWANT

Création des lumières : Dieter BUCCO

https://billetterie.palaisdescongresdeparis.com/fr/manifestation/86/bollywood_masala

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Catégorisé comme Musical

HEDWIG AND THE ANGRY INCH

Hedwig and the angry inch au Café de la Danse

De John Cameron Mitchell et Stephen Trask
Mise en scène par Dominique Guillo

 

HEDWIG, une star rock méconnue et transgenre, partage avec le public les moments marquants d’un parcours tumultueux qui l’a conduite de Berlin-Est à une ville perdue du midwest américain.  Accompagnée de son choriste et second époux Yitzhak, juif croate, ainsi que de son groupe, THE ANGRY INCH, Hedwig délivre un concert-confession éclectique ; elle parle et chante, mêlant les styles:  hard-rock et punk mais aussi pop-rock et romances country.

Voilà une version française très réussie de la comédie musicale de John Cameron Mitchell  primée à Broadway et adaptée dans de nombreux pays. Réussite tout d’abord dans la scénographie et l’ambiance: celle d’un concert rock. Les spectateurs assistent à l’installation des musiciens et aux derniers réglages en attendant Hedwig, la star. Les musiciens et leurs instruments occupent toute la scène et ça va envoyer: lumières et décibels. Les musiques créées par Stephen Trask et interprétées par Hedwig emportent le public. Brice Hillairet se révèle un véritable chanteur… et son choriste  ne l’est pas moins (on est soufflé quand Yitzhak interprète en solo l’un des titres ; et ce n’est pas la dernière surprise que révèlera ce personnage interprété par Anthéa Chauvière).

Le concert donne surtout l’occasion à Hedwig, entre les titres du concert, de s’épancher sur les heurs et malheurs d’une existence passablement chahutée, en commençant par le Berlin-Est d’avant le mur dont quelques résidus ont échoué sur la scène : une Trabant déglinguée dont les phares s’intègrent aux éclairages du plateau, les musiciens polonais, le choriste croate transgenre (lui aussi), et surtout Hedwig avec son moignon de chair dans l’entrejambe (the angry inch). Le reste d’une opération chirurgicale ratée, qui permit au jeune garçon de jouer la fille de l’air : en épousant un homme qui l’a exfiltrée vers l’Amérique…  Opération ratée, passage à l’Ouest raté puisque le mur est tombé un an après et qu’Hedwig s’est retrouvée abandonnée par son mari dans le parc à mobil-homes d’une  petite ville glauque de l’Ouest américain.

Un monologue, donc, mais pas un Seul(e) en scène tant le déballage de Hedwig adressé à son public s’appuie sur la présence d’un personnage qui parle peu mais qui écoute. Yitzhak reçoit, réagit et relance notamment en ouvrant la porte du fond qui laisse alors s’engouffrer le son de l’autre concert. Un show est en effet donné un peu plus loin, dans un lieu prestigieux (concert géant sur la place de la Bastille, en l’occurence), par Tommy, une star, une vraie mais aussi son ex-amant, le rockeur qui doit son succès aux titres écrits ensemble, dans la bohème du midwest. Hedwig, lui, continue de traîner en parallèle une carrière minable dans les petites salles. 

L’ombre et la lumière, l’Est et l’Ouest, l’homme et la femme, théâtre ou concert… Hedwig saccage les bornes, surnageant dans l’existence avec une bouée gonflée à l’humour corrosif. Le public exulte, certains entonnant par coeur les paroles des chansons de cette comédie musicale devenue culte.

Crédit photos :  Grégory Juppin

Auteurs : John Cameron Mitchell (texte) et Stephen Trask (paroles et musiques des chansons)
Mise en scène : Dominique Guillo

Avec : Brice hillairet, Anthéa Chauvière, Louis Buisset, Antonin Holub, Raphaël Sanchez, Lucie Wendremaiere
Direction musicale: Raphaël Sanchez
Adaptation: Brice Hillairet & Dominique Guillo
Création lumière: Jacques Rouveyrollis
Conception sonore: Christophe Yvernault

Les lundis 18/09 sept ; 23 oct ; 20 et 27 nov ; 11 et 18 déc 2023 au Café de la Danse (5 passage Louis Philippe, 75011 Paris)

ZZAJ

De  et par Mathias Lauriot-Prevost et Augustin Ledieu
Mise en scène : Sandrine Righeschi

 

C’est un studio de radio désuet, un capharnaüm où s’amoncellent toutes sortes d’instruments de musique. Le plafond est percé, et le ploc-ploc de l’eau tombant dans le seau en fer posé au sol fait parfois office de boîte à musique. Les micros placés trop haut et qui s’affaissent régulièrement en rajoutent une couche à l’ambiance déglingue et aux maladresses et ratages des personnages (deux opposés burlesques). Dans ce décor, constitué d’un mélange de kitsch à paillettes et de dessins sur cartons (ou ce qui en semble) des problèmes électriques viennent régulièrement « électrochoquer » les deux protaganistes… qui se relèvent et repartent encore et encore  (à la Buster Keaton). Nos deux clowns, passionnés de musique, tentent coûte que coûte d’aller au bout de leur émission radiophonique, « Voyage au pays du jazz », malgré la terreur inspirée par le public invité ce jour-là dans le studio, par le patron, pour une émission en direct.

Et nous voilà embarqués dans une histoire du jazz illustrée en clowneries et surtout en musique s’il vous plaît. On est époustouflé par le brio du duo : grâce à un système de boucles musicales enregistrées sur l’instant et répétées (puis ajouté de variantes pré-enregistrées car le jazz reste plus complexe que la pop), le musicien (Mathias Lauriot-Prevost) passe d’un instrument à l’autre finissant par constituer un orchestre à lui tout seul, accompagné parfois au clavier de son acolyte (Augustin Ledieu) véritable multi-instrumentiste de la voix. Le présentateur de l’émission, court en effet partout, trébuche, se relève et, à bout de souffle, interprète les grands standards dans le style des interprètes originaux. Il ne s’agit pas d’une simple imitation des célèbres modèles, tant côté musique que côté chant (les moyens n’y sont pas) mais l’énergie et la foi élèvent les deux musiciens presque au niveau de leurs idoles. En tous cas, le public suit ces deux possédés dans leur délire et jubile, touché par la grâce du jazz, cette énergie intemporelle qui transcende les barrières et unit les âmes au rythme de la musique.

Ce spectacle est un concert enragé doublé d’un numéro burlesque et puis triplé d’un résumé instructif de l’histoire du jazz: au fur et à mesure du show, le spectateur entre dans un voyage temporel à travers le jazz. Les mélodies nostalgiques du blues embrassent la vitalité enjouée du be-bop, tandis que les rythmes funky invitent à se déhancher. Nos  deux clowns-musiciens transcendent les genres musicaux, fusionnant les styles avec une aisance déconcertante.

Certainement l’un des tout meilleurs spectacles du Off 2023 (allez! On peut aussi inclure le In). Courrez-y !

 

 

 

 

Festival Off d’Avignon
Théâtre de l’Arrache-Coeur ( 13 rue du 58e Régiment d’Infanterie) 19h55 du 17 au 29 juillet