Y LA VIDA VA

Humain. Profondément humain. Ainsi soit José Maria Sanchez.
L’Argentine, son pays natal, c’est le football, le tango, les gauchos, les grands espaces, la cordillère des Andes, toutes ces références culturelles et géographiques qui font rêver les touristes et résonnent au plus profond de notre imaginaire. Oui le nôtre, l’européen, qui aimerait oublier les coups d’état, Juan et Eva Perón, la junte, les mères de la Place de mai, les éléments constitutifs de cette nation pas comme les autres que José Maria quitta un jour, non pour fuir la dictature, dit-il, mais pour prendre des vacances qui durent depuis plus de quarante ans.
Comment évoquer ce déchirement choisi et non contraint ? Comment parler de ce pays que l’on aime avec sa famille que l’on a laissé, mais aussi de celui qui vous a accepté ? Ces questions, José Maria, comédien, danseur, transformiste et chanteur se les pose depuis longtemps. La musique et les danseurs Géraldine et Julio vont lui en apporter une partielle, car il n’en existe pas d’entière. Des fragments de texte où José se livre, et le tango dont les mouvements et la grâce des danseurs accompagnent les chansons, vont composer un récit disloqué, comme peut l’être parfois la vie, où subsiste l’essentiel, l’atmosphère, les frères, la grand-mère (interprété par José Maria lui-même, habillé et grimé) ses envies de dire, crier son identité et l’amour de ses origines à ses frères d’Europe qui l’ont accueilli. Des personnages de papier mâché et de chiffon personnifient les fantômes qui hantent José, dont l’un de ses frères, joueur d’une des plus grandes équipes de football du pays. Subtilement, la scène devient Buenos Aires, la mythique capitale, dont les blessures de l’histoire peinent à se refermer.
José Maria convoque également l’immense Jorge Luis Borges, l’accordéon et le piano pour parfaire sa symphonie argentine dont il se veut le modeste architecte. Il chante, c’est sublime et touchant, beau et simple, nostalgique et émouvant. La voix et la langue transportent au-delà des frontières artificielles que la politique et les guerres ont définies pour encadrer les esprits. Nous sommes peut-être à Buenos Aires mais aussi dans cette contrée mystérieuse et insaisissable où vivent l’imagination et la beauté.
José Maria Sanchez, le dit : « Je suis là, j’existe, je viens d’un pays beau et torturé » et il nous transmet alors humblement une parcelle de celui-ci et de lui-même.
Humain. Profondément humain.
Nous ne pouvons que le remercier.

Mise en scène, auteur, danseur, chanteur : José-Maria Sanchez
Danse : Géraldine Giudicelli et Julio Luque
Accordéon : Aurélie Lombard
Piano, auteur-compositeur : Janot Sallier-Dolette
Son : Oleg Aguichine
Lumières : Bassou Ouchikh


Vu le jeudi 27 avril au Théâtre Toursky

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