Texte Molière,
Mise en scène Nicolas Rigas
La nouvelle mouture de « L’école des femmes », proposée par Nicolas Rigas n’est certes pas avant-gardiste, et ne répond pas à une volonté de modernisation de l’œuvre. Cela n’est pas très grave car celle-ci n’en à pas besoin, et le parti pris spectaculaire et d’efficacité comique touche sa cible, le public. L’idée de camper l’intrigue fin 19ème, outre l’ajout de la légèreté d’Offenbach, fait résonner le texte, et ses ressorts comiques, avec un autre registre : le vaudeville. Avec des pièces comme « Georges Dandin » ou cette « École des femmes », Molière est bien le précurseur d’un Feydeau. Maris cocus, stratagèmes amoureux virant à la farce, quiproquos… Tout est déjà là deux siècles plus tôt. La mise en scène fait sonner cela à plein, et le cocu, magnifique de bêtise confite, finira en dindon de la farce. Le couple de serviteurs, idiot et cupide, joue dans un registre burlesque que l’on voit rarement à ce niveau d’excellence. Acrobates, acteurs et cascadeurs, Romain Canonne et Jean Adrien rappellent que Molière n’est jamais très loin de la commedia del arte, du corps agile du saltimbanque italien. Ils font le grand écart, au sens propre comme figuré, avec le slapstick des premiers temps du muet. Mack Sennett, Keaton, qui auraient fait un détour par le temple Shaolin ! Leur performance de haut vol est mémorable. Pour ce qui est de la modernité, le texte seul, plus un simple voile religieux encageant le visage, suffisent à soutenir l’actualité de la pièce. Molière a toujours été féministe, insolemment, à contre courant de son siècle et des précédents. Contre le patriarcat, le pouvoir lourd des hommes, les prétextes religieux. Il risque même un début d’apologie du consentement à l’adultère vers la fin, comme philosophie du bonheur conjugal ! Tout cela est accompagné à merveille par un trio violon, violoncelle et flûte, comme l’on faisait autrefois quand le cinéma n’avait besoin que d’images. Si l’on a préféré que les airs d’Offenbach s’insèrent à l’action, plutôt qu’ils n’interviennent en intermèdes, ils sont toujours bienvenus. Voilà donc un spectacle total et généreux qui ravira l’amoureux de Molière comme le béotien en la matière. Un spectacle à partager en famille durant ces fêtes de fin d’année, où même le plus vegan ne verra pas malice à délaisser la dinde au profit du dindon.
Crédit photo © Théâtre du Petit Monde
Texte de MOLIÈRE
Mise en scène Nicolas Rigas
Musique OFFENBACH, LES CONTES D’HOFFMANN
Avec
Nicolas Rigas Arnolphe
Martin Loizillon Horace
Antonine Bacquet Agnès
Amélie Tatti Agnès
Romain Canonne Alain
Jean Adrien Georgette
Salvaore Ingoglia Chrysalde
Philippe Ermelier Oronte
Raphaël Schwob Oronte
Musiciens
Jacques Gandard ou Karen Jeauffreau, Violon
Robin Defives, Violoncelle
Emma Landarrabilco, Flûte
Création Lumière Jessy Piedfort
Direction Musicale Jacques Gandard
Costume et Décors Théâtre du Petit Monde
Production Théâtre du Petit Monde
Du 1er au 31 décembre au Théâtre déjazet, 41, boulevard du Temple 75003 Paris