De Roland Dubillard
Mise en scène Frank Hoffmann
De Roland Dubillard
54 ans après la création au théâtre de l’Epée de bois, 29 ans après les représentations au théâtre Bastille, Maria Machado rejoue « les crabes » de son conjoint décédé en 2011, Roland Dubillard. Elle est rejointe par son petit-fils (Samuel Mercer) dans le rôle du propriétaire. Denis Lavant est également là, accompagné de sa fille (Nèle Lavant). Fidélité et filiation sont donc au centre du spectacle. Bien sûr il y a la persistance d’un désir, la transmission intergénérationnelles, mais surtout la fidélité à une œuvre singulière.
Ainsi Denis Lavant s’engage toujours plus avant dans des choix de théâtre où la poésie semble prendre la plus belle part dans ce duo plusieurs fois millénaire : la poésie dramatique.
L’histoire ? À la fois secondaire et centrale. Irracontable est très simple. Un couple de propriétaires aux prises avec la fuite. Fuite d’eau, fuite d’argent, fuite impossible face à la vie et ses tracas dérisoires et accablants. Un deuxième couple de locataires qui fuient. Fuite en avant, sans échappatoire, vers la mort et la destruction.
Fuite impossible à arrêter du sens, du malentendu, du coq à l’âne, et du kal à chnikov…
Mais comment trouver un sens à l’existence, atteindre un but, quand tout marche de travers… en crabe.
Cela peut être drôle, d’un rire grinçant et noir, désespéré. Le plus souvent mélancolique.
Denis Lavant, une fois de plus, créé sur le plateau un phénomène astrophysique de modification de l’espace-temps. Là où il est, bouge, respire, parle… l’espace et le temps sont comme densifiés. Pas simple pour les autres acteurs de se hisser à ce niveau là.
Étonnant phénomène de puissance vitale et joueuse, pour servir un propos aussi sombre et nihiliste.
L’enfer c’est les hôtes, et nous sommes tous l’hôte de quelque chose ou de quelqu’un.
Dubillard transforme le plateau du théâtre en plateau de fruits de mer, et la vie en un plateau de fruits amers.
Mise en scène Frank Hoffmann
Avec
Denis Lavant, Maria Machado, Samuel Mercer et Nele Lavant
Scénographie Christoph Rasche
Visuels & Costumes Maya Mercer
Lumières Daniel Sestak
Musique René Nuss