LES PRESIDENTES

Texte: Werner Schwab
Mise en scène de Laurent Frechuret

Erna, Grete et la petite Marie, trois bigotes névrosées de la province autrichienne, fêtent Noël dans la cuisine d’Erna devant le discours télévisé du pape, ressassant les espoirs frustrés de leurs vies étriquées. Sourt également de cette logorrhée verbale (« la langue tire les personnages derrière elle comme des boîtes de conserve qu’on aurait attachées à la queue d’un chien » Werner Schwab) le désastre infligé à leurs progénitures. La génération d’après s’est en effet échappée du cloaque que recouvrent les conventions policées de la très catholique petite bourgeoisie autrichienne. La fille de Grete a émigré au plus loin (l’Australie) après s’être fait eviscérer les ovaires pendant que le fils d’Erna se vautre dans l’exil intérieur d’un alcoolisme tapageur. Seule, la petite Marie, folle en Christ passionnée du débouchage des chiottes à mains nues laisse vaciller une faible lueur.
La langue claudiquante de ces trois misérables piliers, enfoncés dans la fange, au dernier stade du ruissellement doré de ce joli pays prendra peu à peu les teintes brunasses de la merde et du passé nazi qui remontent inexorablement. Jusqu’à l’explosion finale des fantasmes refoulés des trois femmes. La profération des trois excellentes comédiennes canalise admirablement le torrent verbal de Werner Schwab ; elles font entendre la langue si particulière de cet auteur. La mise en scène évite l’écueil d’un trop plein ordurier déjà servi dans ce texte, travaillé comme un classique. A voir absolument si vous aimez Thomas Bernhard et ses épigones.

Mise en scène : Laurent Frechuret

Distribution:
Mireille Herbstmeyer
Flore LefebvreDes Noëttes
Laurence Vieille

Au théâtre 11.Avignon à 20h40 jusqu’au 29 juillet 2021
Durée:1h20

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *