L’AVARE

de Molière

Mise en scène: Frédérique Lazarini

Harpagon, vieux bourgeois cousu d’or mais avaricieux maniaque conçoit de tirer un bénéfice du placement en mariage de ses enfants. Harpagon destine ainsi Cléante et Elise à de riches partis chargés d’ans, tandis que lui-même se réserve l’innocente et charmante Marianne. Mais Cléante, épris de cette même jeune fille, mais Elise, secrètement fiancée à Valère, jeune aristocrate, qui s’est introduit auprès du père et joue l’intendant, refusent d’obéir. Après quelques péripéties, dont la fameuse disparition du trésor de l’avare, tout finira bien.

Sujet fortement inspiré de La Marmite de Plaute, dont Molière reprend de nombreux détails (le vol de la cassette, l’inspection des mains du domestique soupçonné, la répétition avide du « sans dot » concernant sa fille à marier, le quiproquo des aveux de son fils, etc.) l’Avare est cependant une comédie grinçante tirant parfois sur la tragédie, ce dont rend compte la scénographie de Philippe Le Roy. Toute la pièce se déroule au plus près du nœud du problème: ces pièces de bon argent, potentielle sève d’abondance mais dont la puissance reste jalousement emprisonnée là, sous la terre d’un jardin aux plantes crispées, décolorées et lugubres. Une nature grise, malade de l’avarice d’Harpagon, comme toute la maisonnée : des chevaux qu’on nourrit à peine aux enfants privés de tout, situation qui jette le fils dans le vice du jeu et des dettes ainsi que dans la feinte et le mensonge.

L’avare ou l’école du mensonge (c’est le sous-titre original) car l’intransigeante avarice du père conduit en effet tout son petit monde dans les bras du mensonge. Le fils, la fille et son amoureux d’intendant trompent leur père, la marieuse manipule Harpagon et même ce brave cuisinier-cocher de Maître Jacques conclue qu’il vaut mieux, tous comptes faits, abandonner la vertu pour se convertir au mensonge. Tout concourt au rabougrissement des sentiments et de la morale ; les personnages se voûtent sous la pluie et la tempête dans ce sombre jardin, leurs dialogues secoués par le tonnerre.

La prose -qui avant tant indisposé le public de l’époque, habituée aux grandes comédies en vers, et motivé l’insuccès initial de la pièce- est ainsi portée, dès l’entame, de façon très naturelle par la diction des comédiens. Le texte est rythmé, balancé entre les éléments furieux du dehors et les passions et dilemmes sentimentaux. Ce classique de la culture scolaire, pièce finalement la plus représentée à la Comédie-Française après Le Tartuffe, s’offre ainsi à nous vivant,  contemporain et égayé des trouvailles humoristiques visuelles de la metteuse en scène, Frédérique Lazarini (gags et courtes scènes muets -ou muettes selon l’accord de proximité souvent appliqué à l’époque- ponctuent les scènes).

Mise en scène : Frédérique Lazarini.
Dramaturgie : Henri Lazarini.
Musique : John Miller.
Lumières : Cyril Hamès.
Scénographie : Philippe Le Roy.
Assistante à la mise en scène : Lydia Nicaud.
Costumes : Théâtre La Mare au Diable.
Avec : Emmanuel Dechartre, Michel Baladi, Guillaume Bienvenu, Cédric Colas, Jean-
Jacques Cordival, Charlotte Durand-Raucher, Denis Laustriat, Frédérique Lazarini, Didier
Lesour, Katia Miran.

Du 14 novembre au 31 décembre 2017 au Théâtre 14

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