RABELAIS

De Jean-Louis Barrault

D’après les textes de Rabelais

Mise en scène Hervé Van der Meulen

      

Quelle joie ! Quel bonheur de théâtre ! Après plus de deux années, Rabelais revient au Théâtre 13 !

Le plus beau spectacle vu en 2018 sera donc celui du déconfinement théâtral. On ne pouvait rêver mieux. Ce Rabelais est l’antidote à la « distanciation sociale », aux « gestes barrières », l’antidote à la pandémie des solitudes.

A l’époque où pullulent les spectacles « seul en scène », comme un symptôme de notre temps où l’individu se sent si seul au monde, le Studio d’Asnières et Hervé Van der Meulen choisissent de représenter une œuvre « tout et tous en scène ». Le théâtre monde imaginé par Jean-Louis Barrault en 1968, portant sur le plateau (presque) tout Rabelais en un tourbillon de deux heures.

crédit photo Miliana Bidault

Oui, Grandgousier, Pantagruel et Gargantua on un peu maigri (d’environs une heure), et nous aimions cette démesure dans la durée qui allait bien à notre ogre. Mais le spectacle sera accessible à un public plus large. Il s’agit d’un choix d’intelligence et il est bien difficile de repérer du manque tant Van der Meulen nous régale.

Le choix d’un texte, surtout connu pour être le géniteur du roman français, comme texte de théâtre peut étonner. Cependant il faut se souvenir qu’au seizième siècle on lisait encore à haute voix, et que la profusion créative du verbe rabelaisien ne prend sa forme et ampleur que mise en bouche.

       crédit photo Miliana Bidault

      Le bonheur de la verbalisation, mais aussi de la mise en corps, sont les qualités évidentes de cette grande réussite d’ Hervé Van der Meulen. La richesse foisonnante du texte se retrouve en tout sur la scène. Les costumes sont une rare réussite, hybridation steampunk-médiévale d’une haute inventivité. Les chorégraphies font exulter le Gai savoir en un gai bouger, où la simplicité d’un geste s’accouple avec une danse ou une cascade guerrière époustouflantes de maîtrise. La scénographie est minimale dans sa machinerie, maximale dans son effet de rêverie. On pourrait continuer ainsi longtemps, tant tout va à l’unisson d’un spectacle monumental et enfantin, réjouissant en permanence, sans cesser de donner à penser. J’oubliais la musique ! Elle rythme les systoles et diastoles du plateau. Les comédiens musiciens emballent la pulsation par un tintamarre joyeux, ou font languir en nous une mélancolie par un chœur beau et profond. Ils sont dix neuf à briller devant nous. Jeunes comédiens issus de la formation du Studio d’Asnières. Ils ne trahissent leur jeunesse dans le métier que par leur fougue et leur passion. Dix neuf et pas un qui baisse de ton.

Notre ère de réchauffement climatique, de distanciation sociale, est une ère de refroidissement humain, elle a besoin de la sève réconciliatrice et vivifiante de Rabelais et de ce spectacle.

        Oui ce « Rabelais » est du grand théâtre, humain et démesuré, simple et débordant. Une réussite de chaque instant à voir absolument !

De Jean-Louis Barrault

D’après les textes de Rabelais

Mise en scène Hervé Van der Meulen

Avec Étienne Bianco, Loïc Carcassès, Aksel Carrez, Ghislain Decléty, Inès Do Nascimento, Pierre-Michel Dudan, Valentin Fruitier, Constance Guiouillier, Théo Hurel, Pierre-Antoine Lenfant, Olivier Lugo, Juliette Malfray, Mathias Maréchal, Ulysse Mengue, Théo Navarro-Mussy, Fany Otalora, Pier-Niccolò Sassetti, Jérémy Torres et Agathe Vandame

Musique originale Marc-Olivier Dupin, Assistants Julia Cash, Ambre Dubrulle et Jérémy Torres, Chorégraphie Jean-Marc Hoolbecq, Scénographie et accessoires Claire Belloc, Costumes Isabelle Pasquier, Lumière Stéphane Deschamps, Maquillage Audrey Millon, Chefs de chant Juliette Épin-Bourdet et Pablo Ramos Monroy

1 ▸ 19 juin 2021

Théâtre 13 / Seine, 30 Rue du Chevaleret, 75013 Paris

https://www.theatre13.com/saison/spectacle/rabelais

 

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