Idée originale, écriture du spectacle, mise en scène Vincent Dubé
On croit deviner à l’introduction que l’un est acrobate, l’autre jongleur, celui ci voltigeur ou encore danseur de vélo. On se trompe, ces messieurs sont surtout un collectif ! Une machine aux rouages humains, poétiques, drôles et surprenants. Ce n’est rien de moins qu’une chorégraphie d’une heure et demie, où l’un se lance l’autre le rattrape, celui-ci tombe , et ce sont ses partenaires qui touchent le sol, l’un s’envole (si haut !) tous passent en dessous avant que la gravité ne daigne le rattraper… C’est millimétré, autant qu’ inattendu, une surenchère de talent et de travail.
Il y a un feu d’artifice continu de performances techniques évidemment, mais dans un univers riche et une mise en scène exceptionnelle. Le tout bien sûr avec ses respirations clownesques en finesse et tendresse. Ici, un homme danse avec son vélo, qui semble tout d’un coup doté d’une âme, duo sensuel créant finalement une créature unique de « vélocentaure ». Là, les cinq compagnons nous entraînent dans un numéro burlesque inénarrable de serviettes de bain remplaçant de manière périlleuse la feuille de figuier d’Adam. On est alors, comme tout au long du spectacle, transporté jusqu’au fous rires. Dans un monde si proche de Buster Keaton et d’Harold Lloyd. De la haute voltige.
Tout s’enchaîne avec fluidité et poésie. Le spectacle est vraiment beau. Une esthétique et une éthique de la camaraderie joueuse. Tout cela, sans que l’effort n’apparaisse jamais. Elle nous revient donc du Québec cette sprezzatura explicitée par Baldassare Castiglione dans Le Livre du courtisan en 1528 dans l’Italie de la renaissance :
« fuir le plus que l’on peut, comme une très âpre périlleuse roche, l’affectation : et pour dire, peut-être, une parole neuve, d’user en toutes choses d’une certaine grâce désinvolte, qui cache l’artifice, et qui montre ce qu’on fait comme s’il était venu sans peine et quasi sans y penser » ; puisque « le vrai art est celui qui ne semble être art ».
Echappant à la gravité de l’affectation, comme à la gravité universelle, Machine de Cirque, nous emporte, nous envole et nous allège. C’est d’ailleurs debout, comme en apesanteur que le public ovationne et remercie pour ce moment de bonheur.
Idée originale, écriture du spectacle, mise en scène Vincent Dubé
Collaborateurs à l’écriture et à la mise en scène Yohann Trépanier, Raphaël Dubé, Maxim Laurin, Ugo Dario, Frédéric Lebrasseur
Avec Guillaume Larouche, Thibault Macé, Philippe Dupuis, Samuel Hollis, Laurent Racicot
Musique Frédéric Lebrasseur
Musicien Jérémie Carrier
Conseillers artistiques Patrick Ouellet, Harold Rhéaume et Martin Genest
Conseillères à la scénographie Josée Bergeron-Proulx, Julie Lévesque et Amélie Trépanier
Costumes Sébastien Dionne
Éclairages Bruno Matte
Son René Talbot
Ingénieur mécanique David St-Onge
Direction technique Patrice Guertin
Du 12 novembre 2024 au 5 janvier 2025
Durée
1h30
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