LE MEDECIN MALGRE LUI

Sganarelle est un bûcheron ivrogne et insouciant que sa femme, après leur dernière querelle, fait passer pour un médecin génial poussant l’originalité à ne se reconnaître comme tel qu’après avoir dégusté une volée de coups. Devenu médecin par force, le malheureux  mais ingénieux Sganarelle finira par retourner la situation à son profit…

«Le médecin malgré lui» est très souvent étudié au collège et représenté devant les scolaires, public auquel il faut donner bien plus que du texte, fut-il de Molière. Les couleurs, les chants et l’ambiance festive du folklore russe  (costumes traditionnels cosaques aux couleurs chatoyantes, chapkas fourrées et balalaïkas) apportent un excellent tonique à cette comédie, surtout dans la farce du début.

La transposition apparaît finalement comme une évidence: le personnage principal bûcheronne dans la grande forêt russe, sa femme se plaint de son ivrognerie et les coups pleuvent entre moujiks, peuple de rustauds à peine sortis du servage. L’intempérance et la passion russe servent à merveille les caractères outrés de la farce populaire. L’ivresse de la musique live (accordéon, cojon, guitare), l’exubérance des chants, des danses cosaques, le jeu très physique des comédiens – notamment leurs cascades dans les scènes de bagarre- accélèrent le mouvement. On s’amuse beaucoup du jeu sur les clichés, de l’accent  russe, des interjections et jurons dans cette langue. Dans la seconde partie de la pièce, qui s’éloigne de la farce et tient de la comédie, on aurait d’ailleurs aimé voir poussées encore plus loin l’ironie et la distance avec le modèle.

Les comédiens sont excellents, et même irrésistibles, quand les seconds rôles s’emploient dans des caricatures de personnages mineurs ; Ils dégagent une énergie folle.

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Metteur en scène : Charlotte Matzneff
Interprète(s) : S. Dauch, S. Cavé, T. Dusoulié, E. Fabrizio, J. Breidi, G. Callènes, P. Clausse, A. Sanchez, J. Chérèze, D. Leduc, S. Raynaud, A. Beaulieu, M. Dabrin, M-L. Girard, M. Jeunesse, O. Girard
Musiques : T. Matias
Décors : Matzneva
Costumes : C. Rossi

LES VOYAGES FANTASTIQUES (DE JULES VERNE A MELIES)

Lumineuse idée que ce spectacle associant deux immenses inventeurs d’aventure, Jules Verne et Georges Méliès : la veine romanesque de l’écrivain volant au secours du foisonnement visuel d’un pionnier du cinéma. Car en effet, monsieur Méliès, le fameux réalisateur se retrouve échoué dans ses idées. C’est la panne, la déprime ! Heureusement, ses fidèles complices, comédiens et machinistes, ressortent une de ses vieilles inventions d’un film précédent: la machine à remonter le temps. Le contact avec Jules Verne est établi ; les deux auteurs s’entendent alors pour réaliser, à partir du livre des livres de Jules Verne, le film des films de Méliès : une aventure débutant au centre de la terre dans les entrailles d’un volcan d’Islande, poursuivie sous les mers dans le Nautilus du capitaine Nemo pour s’élancer loin dans l’espace à la découverte d’une étrange planète.

Au bord du lit

d’après Guy de Maupassant

Mise en scène : Frédéric Jacquot

Le théâtre de Maupassant, peu nombreux et méconnu mériterait d’être plus souvent joué. Frédéric Jacquot nous présente ainsi cinq courts textes, des petits bijoux de badinage adaptés de fictions de Maupassant se présentant comme des lettres (« les caresses », adapté ici en monologue , « Mots d’amour ») et des nouvelles (« Sauvée », « Au bord du lit », »Le signe »). Ces trois derniers textes, constitués quasi exclusivement de dialogues, ont pourtant été édités et présentés au public sous la forme de nouvelles ; peut-être pour des raisons commerciales propres à l’auteur (établi comme un maître de la nouvelle) et l’époque (les formes courtes peu prisées au théâtre ?) qui ne devraient plus avoir cours aujourd’hui.

C’est donc avec plaisir que le public découvre ces pièces de boudoir au charme suranné, parfois, notamment dans le premier monologue (« Les caresses »), un éloge des femmes très « belle époque » qu’on pourrait aujourd’hui qualifier de sexiste mais que le jeu du comédien, traduit de façon nuancée, distanciée et ironique.

Hors ces moments où les hommes en parlent, les femmes ont le beau rôle, cependant, quand elles prennent la chose en mains pour détourner avec esprit et espièglerie les règles contraignantes de la société patriarchale. Dans « Le signe » par exemple, une jeune épouse confie à sa meilleure amie l’étrange « mésaventure » l’ayant entraînée malgré elle aux plaisirs de l’adultère ou encore « Sauvée » qui dévoile les savantes manigances permettant de délier les liens sacrés du mariage… aux torts exclusifs du mari, bien sûr!

Des maris finalement attrapés dans les filets de ces dames, notamment dans la pièce donnant son titre au spectacle « Le bord du lit » où l’épouse d’un mari volage mais soudainement redevenu amoureux lui propose, tout comme les cocottes dont il a l’habitude, de tarifer leur relation.

Piquant et libertin, Maupassant nous enchante sur un air de jazz. A ne pas manquer !

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Interprètes : Elisa Birsel, Lina Veyrenc, Frédéric Jacquot

Jusqu’au  28 juillet à 11h30 au Théâtre du Rempart (56 rue du Rempart Saint-Lazare, 84000 Avignon)