54×13 (Cycle 1 du grand cycle de l’endurance)

54×13 (Cycle 1 du grand cycle de l’endurance)

Par le Morbus Théâtre
Mise en scène de Guillaume Lecamus

Le spectateur est attendu par un comédien, seul, debout sur le plateau. Un régisseur est là aussi ; également à vue, assis devant une petite table, dos au public. Son matériel est simple: un ordinateur portable (une marque bien connue des artistes) prolongé d’une mini-console contrôlant les sons et les lumières. A côté du portable, un mini haut-parleur diffuse un enregistrement de Radio Tour. Posé contre un pied de la table: une très vieille pompe à main, une antique pompe rouillée dont le souffle figurera l’humaine respiration du coureur, cette petite figurine de cycliste posée sur la table en bois plantée au milieu de la scène. Et il va souffler, l’échappé solitaire, il va cogiter puis souffrir.

La table sera tournée, retournée dans tous le sens, couchée par terre, imposant d’improbables postures au comédien, double géant de la figurine au mental et au physique tordus par l’effort. Du rien surgira la poésie: courbé vers la table, le comédien double avec ses bras dans un mouvement de piston, l’effort musculaire du petit cycliste. Dans les côtes, il frottera plus dur contre la table, dans la rage de l’effort, il cognera avec ses poings et quand il dépassera ses limites, on le verra courir autour de la table, haletant son texte.

Les moindres possibilités de jeu sont exploitées, c’est du concentré de théâtre. Ce qui nous ravit ce sont ces moyens simples et charmants qui pourtant nous emportent si loin: la petite ardoise d’écolier sur laquelle  est inscrite à la craie le temps séparant le coureur échappé du peloton, les vidéos diffusées par le comédien à l’aide d’un micro-projecteur, tenant dans le creux de sa  main, sur un chiffon étendu ou sur le plateau de la table renversée, qui sont une  merveille de poésie visuelle…

Un fil invisible relie aussi le comédien au régisseur qui lit les extraits d’un improbable code Wegmüller de la philosophie cycliste ; il encourage ou admoneste abruptement le comédien ou le rejoint pour compléter un tableau émouvant: celui, magnifique et poignant de la mort du coureur Fabio Casartelli. La petite figurine est alors déposée au sol, une fiole de sang versée sur le côté. De toute leur hauteur, les deux comédiens contemplent silencieusement pendant qu’une archive radio rappelle les détails du tragique événement. Le surgissement du réel dans la fiction vous noue la gorge.

Une adaptation du roman de Jean-Bernard Pouy extrêmement réussie dans une simplicité, une économie de moyens qu’illustre une remarquable poésie visuelle.

Entraîneur-metteur en scène : Guillaume Lecamus
Interprète(s) : Samuel Beck, Guillaume Lecamus
Eclairagiste-tacticien : Jacques Bouault
Photo- sportive : Emilie Rouy
Mécano-plasticien : norbert choquet

Du 7 au 31 juillet 2016 à 15h55 au théâtre du Centre , 84000 Avignon

Publié le
Catégorisé comme Théâtre

VISAGE DE FEU

Visage de feu

de Marius von Mayenburg
Mise en scène: Pierre Foviau

Je me souviens du jour de ma naissance affirme le jeune Kurt. Et c’est cette quête obsessionnelle des origines, fatalement vouée à l’échec, qui va entraîner l’adolescent à refuser l’enfer de la tribu, qu’elle soit réduite à la famille ou qu’on l’envisage à l’échelle du monde. C’est autour d’une table monumentale, à la fois profane et sacrée puisqu’elle rappelle aussi bien la table familiale que la table de la Cène, que l’adolescent prophétise et voue aux gémonies la comédie familiale et sociale. A qui n’accepte pas la filiation et l’ancrage familial, s’ouvre le champ des possibles. Kurt clame le renversement de toutes les valeurs et convoque l’inceste, le crime et le délit et pour finir, le parricide. Kurt se brûle aux interdits et aux tabous,
incendiant, au propre comme au figuré tout ce qui lui semble obscur ou inaccessible, les autres (sa soeur) et le monde. On aime que les comédiens adoptent un jeu non réaliste qui sied à la banalité absolues des échanges ou à leur monstruosité. La parole est orchestrée par des changements de lumière qu’actionne chaque personnage au gré de ses prises de parole. S’éclaire alors le temps d’une parole, un visage de feu. Une guitare électrique aux sons rock de la révolte scande les espaces de cette tragédie, une horloge murale rappelant aux spectateurs que les Parques veillent en coin.

VisagedeFeu01

Auteur : Marius VON MAYENBURG
Traducteurs : Mark BLEZINGER, Laurent MUHLEISEN, Gildas MILIN
Mise en scène : Pierre FOVIAU
Assistanat à la mise en scène : Antoine DOMINGOS, Béatrice DOYEN
Avec : Marie BOITEL, Adrien DESBONS, Émile FALK‐BLIN, Marion LAMBERT, Thierry METTETAL, Arnaud LEFIN (musicien)
Conception lumière : Vincent LOUBIÈRE
Construction décor : Alex HERMAN
Décoration : Frédérique BERTRAND
Conception sonore : Arnaud LEFIN

6-14 juillet  2016
1h50 (trajet navette compris)

VISAGE DE FEU

Visage de feu

de Marius von Mayenburg
Mise en scène: Pierre Foviau

Je me souviens du jour de ma naissance affirme le jeune Kurt. Et c’est cette quête obsessionnelle des origines, fatalement vouée à l’échec, qui va entraîner l’adolescent à refuser l’enfer de la tribu, qu’elle soit réduite à la famille ou qu’on l’envisage à l’échelle du monde. C’est autour d’une table monumentale, à la fois profane et sacrée puisqu’elle rappelle aussi bien la table familiale que la table de la Cène, que l’adolescent prophétise et voue aux gémonies la comédie familiale et sociale. A qui n’accepte pas la filiation et l’ancrage familial, s’ouvre le champ des possibles. Kurt clame le renversement de toutes les valeurs et convoque l’inceste, le crime et le délit et pour finir, le parricide. Kurt se brûle aux interdits et aux tabous,
incendiant, au propre comme au figuré tout ce qui lui semble obscur ou inaccessible, les autres (sa soeur) et le monde. On aime que les comédiens adoptent un jeu non réaliste qui sied à la banalité absolues des échanges ou à leur monstruosité. La parole est orchestrée par des changements de lumière qu’actionne chaque personnage au gré de ses prises de parole. S’éclaire alors le temps d’une parole, un visage de feu. Une guitare électrique aux sons rock de la révolte scande les espaces de cette tragédie, une horloge murale rappelant aux spectateurs que les Parques veillent en coin.

VisagedeFeu01

Auteur : Marius VON MAYENBURG
Traducteurs : Mark BLEZINGER, Laurent MUHLEISEN, Gildas MILIN
Mise en scène : Pierre FOVIAU
Assistanat à la mise en scène : Antoine DOMINGOS, Béatrice DOYEN
Avec : Marie BOITEL, Adrien DESBONS, Émile FALK‐BLIN, Marion LAMBERT, Thierry METTETAL, Arnaud LEFIN (musicien)
Conception lumière : Vincent LOUBIÈRE
Construction décor : Alex HERMAN
Décoration : Frédérique BERTRAND
Conception sonore : Arnaud LEFIN

6-14 juillet  2016
1h50 (trajet navette compris)