LE GENITEUR

De François de Mazières
Mise en scène: Nicolas Rigas.

 

Pierre est anxieux de nature, on peut dire hypocondriaque (ou encore malade imaginaire puisque cette pièce figure dans le programme du « Mois Molière à Avignon » importé de Versailles) or le monde d’aujourd’hui, ses progrès dans le domaine scientifique et médical médical lui donnent l’occasion d’ajouter une nouvelle source de soucis à un imaginaire déjà bien encombré.

François de Mazieres, l’auteur, c’est en effet inspiré d’un fait divers touchant les bébés éprouvettes : la multiplication des prouesses d’un unique d’honneur qui avait occasionné des risques de consanguinité dans une ville nord-américaine. Il a aussi existé un cas de véritable panique aux Pays-Bas en 2018  après la révélation de l’existence d’un « donneur en série ».

Bref, Pierre et son épouse, Victoire, jeunes trentenaires BCBG mènent une vie sans histoire… Une vie très calme même puisque le couple ne peut avoir d’enfants. Leur seule déviance, ils ne l’ont pas choisie: tous les deux sont en effet des bébés éprouvette fécondés in-vitro dans les années 80. Tous les deux !

Pierre s’acharne à retrouver son père biologique (perspective que semble permettre la science actuelle) afin de s’assurer que cette infertilité ne lui est pas imputable… mais aussi que son patrimoine génétique ne se trouve pas entaché d’autres potentielles tares génétiques.

Sous les sarcasme de Victoire, bien plus décontractée sur ce point, il invite chez eux « le géniteur » :  le père que les tests divers et variés auxquels il s’est soumis ont fini par lui attribuer. L’irruption du fermier landais dans l’appartement aseptisé et clinique tenu par victoire  (la couleur blanche est dominante pour le mobilier ainsi que pour l’éclairage plateau) va bouleverser le train-train du couple.

Les trois comédiens ont du métier, ils sont excellents dans une comédie qui croque l’époque dans ses questionnements profonds (le progrès scientifiques et ses risques) ainsi que ses idéologies de surface (développement personnel et Yoga).

Un vrai jeu théâtral, poussant hors du réalisme dans les moments de tension extrêmes, par les mouvements, les gestes… Et la voix puisque c’est là le péché mignon du metteur en scène, Nicolas Rigas. Il s’est en effet choisi des comédiens à voix (notamment Mylène Bourbon, soprano, en Reine de la nuit de « La flûte enchantée », de Mozart).

Interprètes: Martin Loisillon, Salvatore Ingoglia, Mylène Bourbeau

Durée : 1h15

Festival Off d’Avignon
Jusqu’au 21 juillet (relâche le 15)
Ancien Carmel d’Avignon, 3 rue de l’Observance.

 

 

 

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