SMILE

L'affiche du spectacle SMILE

De Nicolas Nebot et Dan Menasche

Variation cinématographique autour d’un moment clé de la vie de Charlie Chaplin : un rendez-vous, un soir, avec le grand amour ou du moins le grand amour de sa jeunesse. Vérité ou fiction, le point de départ de cette histoire figure certainement dans la biographie du grand réalisateur et l’on peut imaginer que le reste est romance. Peu importe.  La réalité que ce spectacle cherche à capturer, c’est l’art du cinéma en noir et blanc dont Chaplin (qui continua ces films muets bien après l’avènement du parlant) reste la figure emblématique. L’idée visuelle est géniale : l’escamotage des couleurs pour restituer l’esthétique du cinéma des débuts, pour mieux saisir l’essence d’une époque révolue, ce temps jadis, où le génie de Chaplin conquit les cœurs du monde entier, quand l’image animée en fit la figure la plus connue au monde.

Les comédiens, dont la peau est maquillée de blanc, évoluent dans des costumes et un décor contrastés de noirs, de diverses teintes de gris et de jeux d’ombres (comptoir, piano et la porte d’entrée de ce bar du Londres des années 1910). C’est le retour nostalgique de Chaplin sur les lieux de ses amours, une dizaine d’année plus tard, qui rapportera la couleur.

Comme on est au cinéma, on tourne plusieurs fois la même scène, bien sûr ! Chaplin était d’ailleurs connu pour son perfectionnisme maniaque et ses multiples prises. Le rembobinage de la pellicule envoie les comédiens en des mouvements rétrogrades, parfois à vitesse accélérée, sous les lumières d’un tromboscope blanc. Comme une danse surréaliste tirée de notre perception déformée du cinéma muet (les projections en 24 images par secondes au cinéma, ou 25 à la télévision, de ces films du temps des pionnées, tournés en 16 images/secondes, offrirent en effet aux générations suivantes un rendu plus saccadé qu’il ne l’était en réalité). Les scènes amoureuses sont donc répétées par les comédiens, qui ajoutent à l’étrangeté et au décalage, un jeu et une diction légèrement affectés servant d’autant mieux le propos mélodramatique.

Bref, on s’amuse avec les procédés du septième art de ces premiers temps et de cette mise en scène restituant le charme suranné de cette époque, désuet comme les sentiments du personnage du jeune Chaplin amoureux, teintés de timidité et de maladresse, rappelant les émouvantes scènes sentimentales du Charlot de « Les Lumières de la Ville », où l’amour du clochard pour la belle fleuriste aveugle tisse un récit de bon sentiment et de mélodrame touchant (un genre également devenu rare de nos jours).

Texte: Nicolas Nebot et Dan Menasche
Mise en scène: Nicolas Nebot
Interprètes: Alexandre Faitrouni, Dan Menasche, Pauline Bression
Costumes: Marie Credou
Musique: Dominique Mattei
Lumières: Laurent Béal
Maquillage: Zoé Cattelan

Festival OFF d’Avignon
Du 7 au 29 juillet 2023 au Théâtre des Béliers (53, rue du Portail Magnanem, Avignon) à 20h50
Dates supplémentaires les lundis à 16h30 (se renseigner auprès du théâtre)
Relâche le 23 juillet.

 

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