FUNNY GIRL

Auteurs : Bob Merrill, Jule Styne et Isobel Lennart

Metteur en scène : Stephen Mear

     Merci a Stephen Mear et à la direction du théâtre de Marigny de nous faire, enfin découvrir « on stage » ce magnifique Funny Girl ! La même équipe nous avait donnée, également pour la première fois en France, Guys and dolls la saison passée. Merci à eux de nous faire partager ces joyaux mythiques de Broadway ! Funny Girl c’est l’histoire vraie d’une gamine au physique de petit chat chétif mais au talent d’enfer, qui chantant bien mais à la dans limitée et qui deviendra la star des Ziegfeld Folies. la petite juive Fanny Borach devient alors Fanny Brice, merveille du melting-pot à l’américaine. Son talent comique et sa voix inimitable la propulsent au rang de vedette du music-hall des années 20. Sa vie romanesque, ses aventures et son mariage avec un escroc séducteur, amena son gendre, Ray Stark, à produire un musical sur sa vie. Après plus de 40 versions et la performance de la débutante Barbra Streisand, en 1964 puis au cinéma avec un Oscar à la clé, la succes story de cette gamine de Brooklyn devenue star se transforme en un triomphe sur la scène et au cinéma.

©Julien Benhamou

     Une fois de plus Mear se confronte à l’espace scénique du Marigny. James McKeon retrouve la petite fosse du Théâtre Marigny après Guys and Dolls. Sa direction, et la qualité de ses musiciens amènent autant de swing que de lyrisme. Le plateau ne permettant aucun gigantisme, Mear préfère, une fois de plus, une scénographie symbolique et efficace. Son décor se compose d’une série d’arcades métalliques qui marque un aspect industriel, peut être le pont de Brooklyn, quartier d’où vient Fanny Brice. Elle se fourbissent de meubles, de cloisons et autres éléments évoquant les différents lieux de l’action. Les univers dans lesquels évoluent l’héroïne sont bien caractérisés, les enchaînements sont fluides, et le spectacle est sans temps mort. Les plus de deux heures de spectacle sont menées tambours battant. Il y a bien entendu les fameux numéros de claquettes et on aime retrouver le tout aussi fameux effet à la Busby Berkeley (« His Love Makes Me Beautiful »). Cependant ont aurait aimé plus de parties dansées, pour respirer un peu. Mais telle est l’œuvre originale, dont ont doit apprécier tous les aspects. Ainsi, le show laisse peu de place, et de lumière, aux autres personnages. Fanny est omniprésente. Elle participe à presque tous les tableaux, et il n’y a pas vraiment de personnages, et intrigues, secondaires, pour amener contrepoints et respiration à sa propre histoire. Dans Funny Girl tout, ou presque, repose donc sur les frêles épaules de l’interprète principal, et cela ne permet aucune erreur de casting.

©Julien Benhamou

     Heureusement, les producteurs ont eu la merveilleuse idée de choisir celles de l’époustouflante Christina Bianco ! C’est peut dire que dire qu’il s’agit d’un choix gagnant . La Bianco renverse le plateau, saisi le regard, et le cœur de chaque spectateur. A chaque instant et sans une seconde de relâchement. Elle joue à merveille et avec une grande finesse (chose parfois oubliée dans les musicals). Elle chante admirablement, avec un timbre de voix troublant tant il s’approche de celui de la grande Streisand. Elle émeut autant qu’elle amuse, et son dernier air arrache même une larme. C’est le champagne que nous attendions pour cette périodes de fêtes.

Auteurs : Bob Merrill, Jule Styne et Isobel Lennart

Metteur en scène : Stephen Mear

Distribution :

FANNY BRICE Christina Bianco

NICK ARNSTEIN Ashley Day

MRS. BRICE Rachel Stanley

EDDIE RYAN Matthew Jeans

FLORENZ ZIEGFELD Mark Inscoe

MR. KEENEY Ashley Knight

MRS. STRAKOSH Shirley Jameson

MIMSIE Jessica Buckby

Orchestre du Théâtre Marigny

Du 07 Nov 2019

Au 05 Jan 2020

Durée : 2h30 avec entracte

www.theatremarigny.fr

Carré Marigny    75008 Paris

Publié le
Catégorisé comme Musical

GUYS AND DOLLS

Ladies and gentlemen, ou plutôt guys and dolls : « Welcome on Broadway ! »

C’est un bonheur de retrouver le magique metteur en scène Stephen Mear. Après les triomphaux « Singin’In The Rain » et « 42nd Street », ces dernières années au Châtelet, il revient avec un autre des joyaux de la couronne de la grande tradition du musical américain : « Guys and Dolls ». Un grand classique jamais montré à Paris qu’il monte au théâtre Marigny. En anglais surtitré en français, comme il se doit !

Jamais monté, mais déjà connu pour avoir été adapté par le grand Joseph L. Mankiewicz  sous le titre : « Blanches colombes et vilains messieurs ». Avec  Frank Sinatra et Marlon Brando, excusez du peu ! Jamais monté mais adoré outre atlantique avec 1200 représentations et cinq Tony Awards.

L’histoire : Elle est construite d’après la nouvelle et les personnages de Damon Runyon dans The Idyll of Miss Sarah Brown. Runyon, figure de la littérature et de la vie New New-yorkaise, ayant fréquenté Broadway et ses bas-fonds.

Sky Masterson, le gambler, et le patron de tripot Nathan Detroit s’affrontent autour d’un pari : le premier n’arrivera pas à ravir la prude Sarah Brown, sœur au sein de la Mission locale de l’Armée du salut, et l’emmener pour une soirée de fête, en enfer. C’est à dire à la Havane de 1930. Une blanche colombe et un vilain monsieur, un couple de comédie romantique parfait donc ! Cette idylle a un écho, celui de Nathan et Miss Adelaide. Nathan veut bien parier sur tout… sauf le mariage. Les éternels fiancés n’auront de cesse de s’entraîner mutuellement dans les situations les plus cocasses à force de quiproquos. Il faudra bien deux heures et demi pour amollir un parieur et un célibataire aussi endurcis !

La trame et les dialogues sont riches, merci Damon Runyon, et l’on suit avec autant d’intérêt les danses et les parties musicales que le récit et les situations. Ce musical est aussi une comédie efficace emmenée par un quatuor de haute qualité !

                                                                                   Clare Halse, Matthew Goodgame, Ria Jones, Christopher Howell

Les interprètes :

C’est plus de vingt artistes britanniques qui portent le spectacle. Tous excellents, ils ont les qualités nécessaires à la dure école de la comédie musicale U.S. : Précision, énergie, vitalité, expressivité, charisme, cohésion. Ils livrent une copie où chant, jeu, et danse s’expriment avec autant de puissance et de finesse ! Dans les quatre rôles phares ont distinguera Ria Jones (Miss Adelaide), avec sa voix si particulière et électrisante. Elle a un sens du comique et une classe ébouriffante et ravi toute l’audience. Clare Halse (Sarah Brown), plus frêle et au rôle moins pimenté, tire aussi son épingle du jeu. Matthew Goodgame (Sky Masterson) a un charisme agaçant parfait pour ce rôle, à la Brando ou Cary Grant . Il enflamme la salle avec le hit « Luck be a Lady ». Christopher Howell (Nathan Detroit), enfin, est parfait dans sa partition d’amoureux menteur pathologique.

The Show :

Peu de décors, Marigny n’est pas le Châtelet concernant les infrastructures. Mais une utilisation créative de la lumière, et des cadres lumineux qui, à géométrie variable, rythment les espaces et atmosphères.

Les multi instrumentistes de l’orchestre font un sans faute. Ils ont cette énergie jazzy, ce rebond, et sonnent à merveille.

Les chorégraphies sont réussies. Tant dans les ensembles que dans les solos. Mention spéciale à la chorégraphie du tripot souterrain qui emporte l’enthousiasme de la salle.

La mise en scène de Stephen Mear est celle d’un orfèvre du genre. Une balance parfaite des éléments du musical. Il fait de chaque tableau une réussite qui s’intègre avec fluidité à l’ensemble. Son Guys and Dolls est une totale réussite et un total ravissement ! Alors laissez vous encanailler au Marigny jusqu’en juillet. Les dès ici ne sont pas pipés, mais toujours gagnants, et… « Just roll the dices ! »

                                                                                            photos droits réservés « production Théâtre Marigny »

Musique et Lyrics Frank Loesser

Livret Jo Swerling et Abe Burrow

Mise en scène et chorégraphie Stephen Mear

Décors et costumes Peter McKintosh

Orchestre et Chœur duThéâtre Marigny

Lumières Tim Mitchell

Direction musicale James McKeon

Avec

Ria Jones, Clare Halse, Matthew Goodgame, Christopher Howell

Et Barry James, Rachel Izen, Joel Montague, Matthew Whennell-Clark, Jack North, Brendan Cull, Ross McLaren, Gavin Wilkinson, Ian Gareth Jones, Thomas-Lee Kidd, Jo Morris, Alexandra Waite-Roberts, Emily Goodenough, Delycia Belgrave, Bobbie Little, Joanna Goodwin, Robbie Mc Millan, Adam Denma, Louis Mackrodt

Du Mercredi 13 mars 2019 au Dimanche 28 juillet 2019

Théâtre Marigny

Carré Marigny, 75008 Paris

Publié le
Catégorisé comme Musical

L’ECOLE DES FEMMES

Texte Molière,

Mise en scène Nicolas Rigas

           La nouvelle mouture de « L’école des femmes », proposée par Nicolas Rigas n’est certes pas avant-gardiste, et ne répond pas à une volonté de modernisation de l’œuvre. Cela n’est pas très grave car celle-ci n’en à pas besoin, et le parti pris spectaculaire et d’efficacité comique touche sa cible, le public. L’idée de camper l’intrigue fin 19ème, outre l’ajout de la légèreté d’Offenbach, fait résonner le texte, et ses ressorts comiques, avec un autre registre : le vaudeville. Avec des pièces comme « Georges Dandin » ou cette « École des femmes », Molière est bien le précurseur d’un Feydeau. Maris cocus, stratagèmes amoureux virant à la farce, quiproquos… Tout est déjà là deux siècles plus tôt. La mise en scène fait sonner cela à plein, et le cocu, magnifique de bêtise confite, finira en dindon de la farce. Le couple de serviteurs, idiot et cupide, joue dans un registre burlesque que l’on voit rarement à ce niveau d’excellence. Acrobates, acteurs et cascadeurs, Romain Canonne et Jean Adrien rappellent que Molière n’est jamais très loin de la commedia del arte, du corps agile du saltimbanque italien. Ils font le grand écart, au sens propre comme figuré, avec le slapstick des premiers temps du muet. Mack Sennett, Keaton, qui auraient fait un détour par le temple Shaolin ! Leur performance de haut vol est mémorable. Pour ce qui est de la modernité, le texte seul, plus un simple voile religieux encageant le visage, suffisent à soutenir l’actualité de la pièce. Molière a toujours été féministe, insolemment, à contre courant de son siècle et des précédents. Contre le patriarcat, le pouvoir lourd des hommes, les prétextes religieux. Il risque même un début d’apologie du consentement à l’adultère vers la fin, comme philosophie du bonheur conjugal ! Tout cela est accompagné à merveille par un trio violon, violoncelle et flûte, comme l’on faisait autrefois quand le cinéma n’avait besoin que d’images. Si l’on a préféré que les airs d’Offenbach s’insèrent à l’action, plutôt qu’ils n’interviennent en intermèdes, ils sont toujours bienvenus. Voilà donc un spectacle total et généreux qui ravira l’amoureux de Molière comme le béotien en la matière. Un spectacle à partager en famille durant ces fêtes de fin d’année, où même le plus vegan ne verra pas malice à délaisser la dinde au profit du dindon.

Crédit photo  © Théâtre du Petit Monde

Texte de MOLIÈRE

Mise en scène Nicolas Rigas

Musique OFFENBACH, LES CONTES D’HOFFMANN
Avec
Nicolas Rigas                                Arnolphe
Martin Loizillon                          Horace
Antonine Bacquet                       Agnès
Amélie Tatti                                  Agnès
Romain Canonne                        Alain
Jean Adrien                                   Georgette
Salvaore Ingoglia                        Chrysalde
Philippe Ermelier                       Oronte
Raphaël Schwob                          Oronte

Musiciens
Jacques Gandard ou Karen Jeauffreau, Violon
Robin Defives, Violoncelle
Emma Landarrabilco, Flûte
Création Lumière                    Jessy Piedfort
Direction Musicale                  Jacques Gandard
Costume et Décors                  Théâtre du Petit Monde
Production Théâtre du Petit Monde

Du 1er au 31 décembre au Théâtre déjazet, 41, boulevard du Temple 75003 Paris