Quelle chance, on y est !
Par les Vils Navets.
On connaissait Chanson Plus Bifluorée et les Fatals Picards ; il y a aussi les Vils Navets. Ces pitres-là perpétuent une tradition de chansonniers et pour longtemps encore puisque la date fixée à l’arrêt des festivités est annoncée pour 2040 (peut-être en solidarité avec l’actualité frappant les corps de métiers du commun, nos deux Vils Navets étant des observateurs sensibles et attentifs de la vie politique du pays). Des prolongations à la tournée d’adieux ne sont d’ailleurs pas à exclure (idem pour l’âge de la retraite).
Rien de sérieux, bien sûr, puisque ces troubadours modernes ont depuis longtemps (plus d’un quart de siècle) trempé leur plume dans l’encre de la rigolade et de la parodie (certains les soupçonnent même d’être tombés dedans quand ils étaient petits) ; une plume caustique sur les sujets politiques mais gentiment moqueuse quand il s’agit de croquer les travers et ridicules routines de nos contemporains d’en France. Chacun se retrouve un peu (ou son voisin, oui,oui, plutôt le voisin!) dans les situations et personnages hauts en couleur qu’ils dépeignent avec brio dans ces airs familiers transformés en sérénades cocasses.
Nos deux chansonniers portent un genre à part entière, hérité d’une robuste tradition (la chanson gaillarde et paillarde détourne aussi les airs connus, jusqu’aux comptines). On s’amuse de leurs boutades malicieuses et jeux de mots savoureux, subtil mélange d’audace et d’impertinence ; on se surprend même à chantonner avec eux, heureux du joyeux désordre : dans les esprits ainsi qu’au plateau où une série d’accessoires soigneusement ordonnés sur le porte-manteau viennent, tout au long du spectacle, nourrir la pagaille, jonchant le sol. Le spectacle devient alors le terrain de jeu de nos deux lurons chantants, au grand bonheur du village gaulois. Un joyeux foutoir venant célébrer l’esprit franchouillard qu’ils nous servent dans cette épopée comique où la musique, la parodie et l’esprit gaulois s’entremêlent dans un tourbillon jubilatoire
En mêlant habilement l’héritage de leurs prédécesseurs à leur propre style, les Vils Navets ont su proposer une variation bienvenue dans le paysage de la chanson satirique. On rigole.
Mise en scène: Christian Laroque
Interprètes: Denis Castet, Jean-Bernard Marrot
Festival Off d’Avignon
Théâtre Al Andaluz du 8 au 22 juillet les jours pairs (relâche le 18 juillet)